LE CANCER DU GROS COLON
Le cancer du gros colon, on en guérit à condition de le soigner à temps. Le gros colon, c'est celui qui s'est métastasé durant deux siècles dans divers pays au départ de l'Europe, encouragé par l'abus de militaires et de religieux souhaitant civiliser les sauvages de ces contrées lointaines, peuples qui avaient le tort de ne pas avoir la même manière de vivre. Ainsi le virus colonial a fait pas mal de victimes en Afrique, à Madagascar, en Indochine, sous prétexte d'apprendre aux indigènes le français et de leur faire construire des écoles et autres routes qui servaient en priorité aux colons. Le code de l'indigénat a remplacé le code noir de l'esclavage. Galliéni a remplacé Colbert. Mais l'indigène était toujours dans l'obligation de travailler pour ceux qui lui apportaient, affirmaient-ils, les bienfaits de la colonisation. N'oublions pas les autochtones des Amériques et d'Australie, où le problème fut réglé plus aisément, car on élimina la prolifération de tous ces sous-hommes grâce aux épidémies, à l'alcool et à coup de sabres et de canons, le goupillon ne suffisant généralement pas à leur faire abandonner leurs grossières supersitions. Dans le cas des colonies françaises ou belges, nos dirigeants se montrèrent plus intelligents, ou humains : on laissa en vie tous les indigènes qui fermaient leur grosse bouche lippue, à condition qu'ils se soumettent au travail forcé. On allait même les chercher dans la forêt, ces feignants, pour les obliger à monter les voies ferrées, et autres travaux destinés à mieux évacuer les richesses du pays vers les lointaines métropoles.
Le petit colon, à cause du gros colon, ne se rendit pas toujours compte qu'il était un parasite impossible à greffer éternellement sans rejet sur ces corps étrangers. Et, tôt ou tard, il fut éjecté plus ou moins brutalement. Souvent victime lui aussi , non pas de ces indigènes ingrats qui le menaçaient, mais de ceux qui l'avaient encouragé à partir pour cette grande aventure inhumaine. Ainsi, il garde la nostalgie de ces pays perdus pour lui, mais retrouvés pour les natifs. Il ne comprend toujours pas pourquoi on l'a chassé. Et, de nos jours, de retour dans sa terre natale, il est souvent le premier à se plaindre de tous ces étrangers, souvent ex-colonisés qui envahissent l'hexagone et dont les plus intolérants veulent imposer leurs lois. "Y a trop de noirs et d'arabes, on n'est plus chez nous".
Il fallait y penser avant. A présent il ne vous reste que vos yeux pour pleurer, et votre vessie pour aller pisser sur les statues des responsables. Je suis contre la destruction de ces statues. Bien au contraire, notons sur leur piédestal les horreurs que ces "grands hommes" ont fait subir à plus petit qu'eux. Ou bien, mettons les dans musées afin d'apprendre aux enfants que dans ce monde, rien n'est totalement noir ni blanc, et que si c'est le gagnant qui écrit l'histoire, il parvient quand même à la déformer à son avantage quand il s'est vautré dans la honte et les abus, pour de basses raisons de domination militaire ou économique..